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Jean-Philippe Hautbois


boire bien sûr en premier et baiser foutre un texte de quatre mille mots pas un de plus ou de moins c’est le titre pour qu’un coureur lancé sprintant s’essouffle avant d’achever et tomber mégarde et silence par ce qu’aucun n’ose rire il faut lire ce texte bien sûr à voix haute et très fort dans sa chambre au piano et baiser comme des fous des folles de mon corps c’est Julie je crois comment elle s’appelle son prénom dans la ville faire corps avec la ville Paris dit-elle c’est une comédie la nuit dans les yeux rougis du bonheur d’être défoncé mais on s’en fout car il s’agit plus pour moi d’une expérience de l’essoufflement et de la lassitude quotidienne quand il faut vivre tout de même c’est certain pour se rassurer on s’en va chercher de la cocaïne chez moi dans le vingtième le matin clair après on va danser je crois avec Lou le prénom cool je dis au décolleté bravache after au Batofar robe c’est si rare de nos jours d’automne rouge elle chante dans la voiture je crois c’est Barbara Lou et Barbara je me marre Joyeux Noël sur le disque dans l’autoradio je fonce parce que je suis pressé je crois je le dis à voix haute d’en finir avec ce matin clair et je veux retrouver l’ambiance interminable de la nuit dans la soute bondée d’un bateau rouge mais je dois ralentir parfois pour laisser des mecs de la ville nettoyer nos merdes ou pour des vieilles qui vont au marché à sept heures du matin on se demande bien pourquoi mais ça fait marrer Lou qui me caresse la main en chantant je peux bien rire aussi en sachant que je ne sais pas quoi dire de spirituel et d’enivrant mais que ma bouche mes doigts tout fonctionne très bien sans moi je ne sais pas conduire quand j’ai bu là tout de suite je conduis très vite parce que je ne devrais pas conduire avec tout ce que j’ai bu mais ma carte bleue n’est pas morte c’est étrange alors nous allons dans le vingtième par Belleville comme j’aime ces gens qui ne savent pas que je suis en train de mourir pour la millionième fois la même et qui vont au marché ces dames tirant leur caddie aux airs de dames je les aime fort d’un coup plus fort que Lou qui est pourtant si belle quand j’aperçois ses lèvres humides j’ai l’impression qu’elle n’a pas pris de taz moi je cherche ma salive je sens mais je reste concentré sur le fait de ne pas trop regarder les croisements les intersections parce que je me demande s’il y a des flics à Paris ouais y en a mon petit mais un truc genre si je ne les vois pas ils ne me verront pas non plus je sais c’est absurde alors je me dis que j’ai peut-être simplement envie de percuter une caisse tôle froissée tôle tordue éventrée métal noir pneu brûlé des images fortes mais sans nom sans lexique apparaissent et fusent et fuient dans ma cervelle très rapide sans index sans manière absurde de promenades sur la plage à Etretat un matin du mois d’Octobre ce mois-ci avec mon oncle et son chien Barnabé le con courant derrière les mouettes comme dans un film de Gondry sauf que mon oncle cherche à m’apaiser parce que je chialais la veille à la fin du repas et que je tremblais en chialant atroce d’avoir peur un peu de tout dans l’atmosphère chaleureuse que j’étais pourtant venu chercher spécialement parce que je n’arrive à rien depuis que ses mains ne sont plus sur mes fesses les caressant le matin au réveil avant de m’aider à dessaouler en me faisant avaler du thé et des tartines ou des trucs sucrés pour que je métabolise les toxiques qui traînent encore dans mon corps de jeune vieillard au réveil et que depuis c’est encore plus simple enfin ça m’apparaît souvent comme ça de ne pas me coucher du tout et toujours au dernier moment et toujours dans des bras désolés de me voir bander quand même et de me faire sucer par des filles dont j’ai oublié le prénom en milieu de soirée et que je n’ai pas osé redemander une fois que nous nous étions embrassés et je sens bien qu’elles aimeraient que je les aime au moins un peu et que c’est bien au-dessus de mes moyens quand je lis leur regard aussi triste que le mien aussi vaste dirait-on dans la pénombre de leur chambre ou de mon lit sale monochrome mais Lou à Etretat ce n’est pas pareil comme je me le dis à chaque fois je t’emmènerai petite salope mon amour avant de fonder une belle majestueuse famille avec toi quand j’apprendrai à nos fils la pêche aux requins tu verras toi et les autres femmes des nuits éventrées comme je t’aimerai costaud compte en banque et boulot à responsabilités exaltant et tout directeur artistique chez Domino France quand ça existera et ça finira bien par arriver parce que des chercheurs du C.N.R.S m’ont dit beaucoup de bien de mon potentiel quand j’étais tellement perdu à l’adolescence que mes parents morts d’inquiétude m’ont fait faire des tonnes de tests et comme j’avais mal au bide tout le temps j’ai même eu droit à une fibroscopie sans anesthésie quand on vous fourre une caméra dans le tube digestif par la bouche et ça je vais te le dire à toi qui lit toujours ce texte crade en hurlant comme Lautréamont car Lautréamont hurlait littéralement ces écrits pour en juger la valeur comme si un texte avait de la valeur je ne sais pas quoi une échelle ça c’est mieux moins bien trop pas assez conneries je crois enfin je ne sais pas trop mais je m’en fous bref je voulais te dire que je gardais un sacré souvenir de cette fibro parce que ma mère qui m’avait accompagné me tenait la main quand ce médecin enfonçait son horrible tube dans ma gorge me provoquant des spasmes d’une violence inouÏe que des larmes coulaient sans retenue des mes yeux fermés ou largement ouverts et pleins de haine et que je voyais ma mère aimante honteuse de m’avoir mené chez ce mec car elle savait très bien à ce moment-là que je n’avais mal au ventre que d’avoir mal partout dans la maison que j’habitais avec elle et le reste de ma famille mon père et tout et là elle voyait mes larmes ne pouvait faire autrement en me serrant la main jusqu’au sang on aurait dit ces ongles me meurtrissant que de lire dans mes larmes ma révolte sourde ma tristesse bon et ces mecs du C.N.R.S ne m’ont pas directement parlé de Domino France mais pas loin finalement même qu’ils ont été jusqu’à me faire un truc de graphologie au point que je me suis demandé s’ils n’allaient pas me faire mon thème astral mais non quand même pas enfin j’étais tellement un sale élève et tout et ils ont conclu que je devais être un petit fils de pute ou un truc comme ça parce que j’avais une intelligence largement développé au-dessus de la moyenne même largement que mes petits camarades qui eux se donnaient du mal quand moi j’en faisais qu’à ma tronche et que finalement ça n’a rien guéri sauf qu’aujourd’hui je ne vais plus à l’école dieu soit loué mais je suis toujours un petit branleur et pornographe nymphomane etc alcoolo et je t’en passe pour que ton petit dèj reste à sa place petit wanker à fond la caisse à fond Barbara et Lou toujours aussi classieuse les genoux découverts légèrement écartés pendant que je me gare mais je ne suis pas trop sûr sur le quai devant le Batofar et puis je fais la bise à Végéta qui fait physio videur ce matin je me la pète pas c’est vraiment un mec que je connais bien et puis allez vous faire voir ceux qui rigolent pendant que je chiale s’essouffler et boire j’avais dit au début que personne n’osait vraiment se marrer dans mon histoire branlée sans fin robe rouge et manteau beige clair on dirait lait cannelle sac à main assorti souliers à talons vernis noirs une fine bague en or au pouce droit je la prends par la taille et nous entrons sans payer et je ne m’en fous pas alors que ça ne coûte que dix euros l’entrée mais c’est un truc d’orgueil de pas payer en club le truc c’est que ne pas payer l’entrée ça c’est relativement facile mais ne pas payer ses verres ça c’est un challenge excitant et je dois bien l’admettre c’est de plus en plus compliqué faut croire que les patrons foutent grave la pression sur les barmen au point que ceux-là croient vraiment qu’ils ne doivent plus organiser leurs petits open-bars sauvages mais c’est Samir au bar kiosque qui me fait un grand sourire quand il m’aperçoit et il me donne alors sans sourciller deux vodkas toniques que je ne payerai pas jamais pas plus que tout ce que je pourrai m’enfiler ce matin c’est sûr et je me sens bien à ma place un peu roi du monde au centre avec Lou qui me tire par la manche pour aller danser ou pisser ou prendre de la drogue dans les chiottes j’espère juste qu’elle ne veut pas baiser mais je suis sûr que non et puis ce n’est pas grave parce que rien n’est grave en fait rien de rien comme du déni de compétition je répète lacanien rien n’est grave et tout devient la même chose sauf quand mon oncle me prend par l’épaule et que je sens mes pieds humides glacés horriblement glacés dans mes godasses en cuir et mes mains je le répète glacées oh glacées et mes lèvres et mon nez oh glacés ou oh ma gorge brûlante acier forgé forge qu’il me tend une cigarette s’essouffler sur la plage d’Octobre un matin à Etretat va j’arrête j’arrêterai bientôt tout ça depuis que je ne vais plus chez ma psy pour ne pas dormir tu sais bien toi qui n’as jamais couché avec moi à moi agrippé de toute part tu sais tout pris dans les élastiques et on voudrait s’aimer comme des angelots des trucs célestes quand nous nous léchons le visage nous bavons pour nous dire nos odeurs nos corps et pour changer les matières les manières on vit on croit bien cette fois nous sommes vivants et nous caressons nos pieds tellement froids brûlés Antarctique blizzard blanc recherchant l’air de l’air frais froid bleu pour chanter des pop-songs aux kids de demain comment dit-on des souvenirs tradition orale mon cul ouais rapports bucco-génitaux ouais mais des trucs glorieux tour du monde à cloche-pied avec Turner Cody à la gratte en compagnon de galère au tour du monde on sait bien que ça ne vaut pas le coup de vivre tout ça en vrai qu’il suffit s’essouffler de rêver les gosses le monde Lou dit qu’elle s’ennuie et que je pourrais la ramener et je me dis que oui de toute façon je suis raide in love de ses cheveux noirs et que je vais l’épouser alors c’est une sortie honorable je me dis que nous pourrions nous réveiller ensemble dans ses draps frais que sans doute j’aurai une sorte de gastro sauvage tant pis on avisera oui je lui dis en l’embrassant même si je rate un peu ses lèvres mais c’est doux quand même et elle me rattrape par la joue et je sens sa bague en or sur son pouce droit et je me dis que ça doit être à la coule de se faire branler avec ça ah d’un coup je me dégoûte je me sens sale de ne pas pouvoir penser à autre chose des salades moins salaces s’il te plaît à ma propre trogne stade anal la troisième personne moi il s’essouffler des hordes à affronter des tribus des tas tout un tas à perte de vue à perte je répète de souffle courir dans la neige jusqu’aux hanches douces hanches dormir croit-on hé dormir hanches souples peau blanche draps jetés blancs seins lourds sa cuisse gauche sur ma cuisse droite ses poings serrés cheveux noirs sur l’oreiller elle dort elle oui je regarde je me sens bien mais les idées en vrac vont vite c’est parce qu’il est tard chambre mansardée velux clair il est tellement tard je vois les oiseaux sans projet leur misère leur grandeur je me dis où est la voiture moquette bleue ou grise je ne sais pas simplement comme fait le soleil là-haut du samedi matin marché place de l’église après l’école des marronniers des retours à vélo avec mes frères oui ou des dimanches matins des chiens du voisin des foot dans le jardin des trucs tous les trucs en –in des propositions des mains sur la culotte de Lou ah ses poils pubiens ses seins ses reins je sens comme de la fièvre je sue littéralement dans son lit bois brun et j’ai soif je veux de l’eau du torrent je veux plonger la tête dans la neige poudreuse ouvrir la bouche je veux être porté par les vagues du torrent j’ai tellement soif et je regarde ses mains ses poings sa bague je veux lui voler bien sûr la bague qui lui a offerte le salaud mon épouse Lou s’essouffler de peu la rater de peu oui je sais bien c’est comme ça tant pis dirai-je ce soir en buvant une coupe de champagne ou une bière quand j’aurai faim comme le diable avec Julie Horkheimer ou une allemande quand j’aime parler allemand que Lou retournera ses questions à elle que je ne veux pas entendre des qui est ce mec en vrai qui est-il bon sang je sais bien que survivre pour moi signifie se déplacer sans cesse ne pas revenir là où déjà j’étais pour maintenir l’illusion que je me tiens que c’était exceptionnel ce soir-là cet état pitoyable et je sais qu’un dimanche soir ils auraient passé un film potable sur la une et que nous aurions pu nous contenter d’une bouteille de rouge à table nous aurions mangé des légumes et des glaces des magnum devant la télé en ne buvant presque rien en faisant l’amour délicieux si seulement elle tu l’appelles comme tu veux ne t’avait pas dit je confonds avec moi ce qui m’est arrivé à moi je crois qu’il vaut mieux que l’on ne se voit plus bah bé et enfilades de perles détestables mais tu connais tu connais ça bien prince princesse des steppes ne dit-on pas princesse des steppes ou aux pieds nus Lou toute nue dans la salle de bain elle est nue devant moi alors que nous n’avons jamais baisé rien c’est la première fois que je vis ça je crois elle se penche pour ramasser du linge par terre près du lit et je vois très clairement tout je pige comment j’en suis arrivé là je me souviens même du rêve que j’avais fait avec Valéria et sa voix douce je n’avais jamais entendu une voix aussi douce me dire qu’il faudrait que quoi que je prenne soin de moi elle parade Lou nue là elle fait la belle elle a retiré sa culotte je ne sais pas trop je ferme les yeux sous les lumières la plage les algues multicolores non vertes et brunes visqueuses un peu inquiétantes ou des duels dans l’allée poussiéreuse du voisin des trucs de gloire et de trouille ou simplement sans queue ni tête ah j’adore cette expression sans queue ni tête c’est tout moi ça sans queue ni tête cependant que je bande un peu là et je m’étonne Lou je m’étonne je me lève nu queue et tout et dans la salle de bain je prends ta brosse à dents oui c’est comme ça que ça s’est passé j’ai pris ta brosse à dents je me suis lavé les dents avec ta brosse à dents j’ai collé ma gueule sous le robinet j’ai laissé couler l’eau y en avait un peu partout de l’eau froide et j’ouvrais la bouche pour me purifier ou non pour mes muqueuses mon nez des croûtes de sang séchés de l’eau froide pour faire bonne figure salle de bain lumière chaude tête acceptable oui acceptable comme ça cheveux trempés tout trempé les épaules le torse l’eau qui goutte partout par terre acceptable je respire faux et alors je respire Lou m’enserre colle ses seins à mon dos sa chatte à mes fesses Lou me caresse le torse les épaules m’embrasse l’eau dans le cou ce n’est pas fini je dis ce n’est pas fini s’essouffler pour recommencer toutes les virées dans toutes les chambres mansardées ou non moquette ou parquet lino que sais-je qu’en ai-je à faire des chambres de la lumière par la fenêtre les bagues or les baisers argent quand je suis dans la rue ou à sur le bureau de Lou griffonnant mon numéro de téléphone mon adresse mail icibilly@yahoo.fr griffonnant un mot appelle-moi je crois si tu es nue non appelle-moi sans tes jupons quelque chose je vais boire une bière non un café en bas en me demandant où est la voiture un deuxième café et pourquoi pas un dimanche demain seul Spiderman je me souviens c’est potable rien foutre ou écrire sur le Net hein pour au moins ne pas descendre de mon appartement tiens ce soir c’est fichu d’avance je le sais il va falloir redescendre au moins redescendre en douceur remonter peut-être ou simplement redescendre en douceur pas tout seul avec des filles rigolotes et un peu à manger à boire s’essouffler sur une table de restaurant sans penser on est samedi soir sans tout ça Paris je peux attendre demain passer à l’épicerie choper des victuailles et ne pas penser exprès à tu l’appelles comme tu veux ne pas souffrir exprès juste ce qu’il faut pour avoir le droit d’aller hurler foncer dans une nouvelle nuit une nouvelle vie il n’y a rien de plus drôle que ce passage à l’acte franchement grossier évident cette justification à deux balles j’ai mal je me casse oui c’est sûr j’ai mal parce que je suis lucide tiens mais il y a des bières dans le frigo tu peux en prendre une toutes les heures pour ne pas t’enfoncer un clou dans le pied et vers une heure du matin oui pour une fois tu seras claqué et tu t’endormiras mon petit gars promis jusqu’à l’aube au moins et une pilule de xanax là quand tu auras peur vers six heures et demie du matin t’aidera à te rendormir oui bouche pâteuse mais t’en as vu d’autre ne nous la fais pas à l’envers et peut-être qu’après une branlette et une douche tu te sentiras suffisamment bien pour aller voir un film il paraît qu’il est bien le dernier des frères Dardenne on ne sait pas tu pourrais appeler Lou non tu n’as pas son numéro mais qui sait elle t’appellera peut-être elle t’appellera chou et tu croiras rêver mais elle travaille je le sais le lundi elle travaille elle et ne pourra pas aller au cinéma avec moi c’est sûr elle voudrait tu te le dis prendre un bain avec toi en biberonnant des whiskies parce que c’est beau tout simplement parce que c’est beau merde parce que c’est beau Lou la vie comme ça avec toi mais tu je s’essouffler retrouve ma voiture rue de la Folie-Méricourt je vais peut-être passer au Charbon mais mon téléphone sonne c’est Arnaud qui te dit que sa formation de géomètre est finie ah qu’il paye un coup au Pascalou super tu te dis je me dis super sans trop savoir quoi penser sa formation de géomètre super je me dis je me répète s’essouffler faut bien faire quelque chose et tu te proposes de repasser chez toi changer de chaussettes de caleçon changer de veste et de filer boire un martini rouge et gin au pot de fin de formation de géomètre oui et à deux heures et quart mon portable a sonné c’était Lou et je lui ai demandé avant qu’elle ait eu le temps de me le dire comment elle était déshabillée oui j’ai senti son odeur un peu partout dans le bar ramadan pourtant enfumé j’ai dit au revoir à tous mes amis je ne sais pas si je suis ami avec quiconque sauf peut-être Laurent qui me disait que ma conversation était brillante mais il fallait que je file rejoindre Lou aux Neuf-Billards que fout-elle à poil au Neuf-Billards je n’ai pas pris le temps de me poser la question mais j’avais décidé de contrôler mon ivresse de ne pas prendre de drogue j’y arrive des lendemains de fêtes j’adore ce mot fête inadapté au possible et puis il n’était pas si tard et je me suis réveillé dans ses bras j’avais bien dormi je crois il était midi nous nous sommes réveillés ensemble je veux dire en même temps et elle m’a fait du thé je me suis collé devant sa discothèque les doigts scrutant les rangées de CD je regardais à quel point je l’aimais et pas mal pour une fille comme un monstre d’une seconde mais je suis revenu à la raison et m’en suis félicité en l’entendant chanter sous la douche j’ai décidé de ne pas mettre de disque juste retourner m’étendre sur le lit l’écouter chanter je le répète simplement parce que la vie est plus belle comme ça quand la tête me tournait légèrement mais j’ai l’habitude et ne m’inquiète plus s’essouffler il n’y avait rien dans la chambre mansardée que je puisse faire alors je ne faisais rien sauf fumer une cigarette en l’écoutant chanter en me demandant je ne sais plus trop si j’étais bien là m’auscultant comme toujours au réveil rêvant d’un dimanche midi avec tu l’appelles comme tu veux ou ce soir juste ce soir l’appellerai-je pour lui proposer des légumes devant Spiderman non Lou oui Lou s’absenter s’essouffler ne plus rien faire dans une chambre rétrécie les murs cajolant ma boîte crânienne couché sur le dos jambes serrées mes bras bien collés le long du corps les mains pour prendre le moins de place au milieu du lit fermant les yeux pour prendre le moins de place possible au milieu du lit dans une chambre devenue minuscule avec cette petite voix parvenant de la douche me chantant des prières anciennes des psaumes dans une langue inconnue sa voix virevoltant dans mon devenir-absent mon avenir minéral ses joies et ses peines sa vie sincère et je sentais la neige recouvrir de son poids évanescente la neige bon sang froid sa voix évanescente aux confins du chagrin et de l’amour sa voix prise dans les grondements de l’eau qui coulait partout et remplissait le monde de ses algues brunes la neige sur les croix des cimetières tandis que tout se rapprochait de tout touchait nos corps bras serrés mains alignées essouffle-toi ne crie plus sous la neige les bulbes de ta foi chantait-elle vivaces forts comme une âme prise sous l’hiver et ses reflets de paradis terrestre Lou ou sa voix dans les décombres de nos chants naguères les temples en trois jours élevés sa voix celle de mon Seigneur qui me chante en paix mes harmonies et mes accidents ou simplement le monde et ses chants les pierres et les torrents qui dévalent la monotonie et la lenteur la surprise interminable d’être vivant encore oh malgré l’incendie qui ravage tout abrutissant les lendemains les peines le souffle baisse la voix chante encore écoute bien le coeur bat écoute bien les détails de ton enfermement qui n’est plus disloque évanescent l’enfermement sa voix qui vole en toi joue avec elle symphonique c’est une promesse c’est le lendemain elle Lou pose sa main sur mon front m’embrasse voile blanc